Publié le 12 mars 2024

La performance de votre marketing digital ne dépend pas du nombre de canaux activés, mais de leur orchestration synergique.

  • La dispersion de vos efforts sur trop de canaux crée une « cannibalisation » où vos propres actions se concurrencent et diminuent votre ROI global.
  • Une stratégie rentable part de vos objectifs business (CPA, marge) pour définir quelques canaux complémentaires, et non d’une liste d’outils à la mode.

Recommandation : Concentrez-vous sur 3 à 4 canaux où vous pouvez créer une réelle synergie, plutôt que de vous éparpiller sur 8 canaux de manière médiocre. Auditez et éliminez les conflits avant de chercher à ajouter de nouvelles actions.

En tant que responsable marketing ou entrepreneur de PME, le tableau vous est familier : une présence sur les réseaux sociaux, des campagnes d’emailing, un peu de référencement naturel (SEO), quelques publicités en ligne (SEA)… Vous êtes sur tous les fronts, mais les résultats stagnent. Le retour sur investissement (ROI) peine à décoller et vous avez la sensation frustrante de brasser de l’air, de multiplier les actions sans vision d’ensemble. Chaque canal semble vivre sa propre vie, avec ses propres coûts et des performances difficiles à corréler.

La plupart des conseils marketing se concentrent sur l’optimisation de chaque levier individuellement. On vous explique comment améliorer votre SEO, réussir vos campagnes Facebook ou écrire des emails qui convertissent. Ces conseils sont utiles, mais ils passent à côté de l’essentiel : la cohérence globale. Le véritable enjeu n’est pas d’être bon partout, mais de faire en sorte que chaque canal renforce les autres dans une mélodie harmonieuse plutôt qu’une cacophonie coûteuse.

Et si la clé n’était pas d’ajouter un énième canal à votre arc, mais de faire un pas en arrière pour devenir le chef d’orchestre de votre stratégie ? Cet article adopte une perspective holistique. Nous n’allons pas lister les canaux à la mode. Nous allons vous montrer comment construire une machine marketing intégrée où 1+1=3. L’objectif est de passer d’une logique d’accumulation à une logique d’orchestration, en éliminant les conflits internes qui plombent votre rentabilité pour créer une puissante synergie.

Ce guide est structuré pour vous accompagner pas à pas dans cette transformation. Des fondations stratégiques à l’exécution tactique, nous allons décortiquer les principes d’une orchestration multicanale réussie, spécifiquement pensée pour les réalités budgétaires et humaines d’une PME.

Pourquoi vos actions marketing sur 8 canaux rapportent moins que vos concurrents focalisés sur 3 ?

L’intuition pousse souvent à penser que plus on est visible, plus on a de chances de vendre. Cette logique conduit à une course à la présence, une dispersion des efforts sur un maximum de canaux : Facebook, Instagram, LinkedIn, TikTok, SEO, SEA, emailing, etc. Pourtant, cette stratégie de « saupoudrage » est l’un des pièges les plus coûteux pour une PME. Pendant que vous vous épuisez à maintenir 8 profils à jour, vos concurrents, plus concentrés, récoltent de meilleurs fruits avec seulement 3 canaux parfaitement maîtrisés. Pourquoi ? La réponse tient en deux mots : cohérence et synergie.

L’éparpillement des ressources, qu’elles soient financières ou humaines, mène inévitablement à une exécution médiocre sur chaque canal. Un budget publicitaire dilué sur cinq plateformes n’aura jamais l’impact d’un budget concentré sur les deux plus pertinentes pour votre cible. De plus, sans une stratégie d’ensemble, vous risquez de créer un phénomène de cannibalisation interne. Vos campagnes SEA peuvent, par exemple, détourner un trafic qui serait venu gratuitement via le SEO, faisant ainsi grimper votre coût d’acquisition global sans apporter de clients supplémentaires.

À l’inverse, une stratégie focalisée permet d’atteindre une masse critique. En concentrant vos efforts, vous pouvez financer des contenus de meilleure qualité, mener des campagnes plus percutantes et analyser plus finement les résultats. L’optimisation devient alors possible. D’ailleurs, les PME qui adoptent des stratégies publicitaires plus sophistiquées, comme l’achat automatisé, ont vu une réduction en moyenne de 25% des coûts d’acquisition client en France entre 2020 et 2024. Cela démontre que l’efficacité ne vient pas du volume, mais de l’intelligence stratégique. La focalisation permet de créer un effet de halo : la notoriété acquise sur un canal rejaillit sur les autres, créant un cercle vertueux de croissance.

La question n’est donc pas « sur combien de canaux dois-je être ? », mais plutôt « quels sont les 3 canaux qui, ensemble, créeront le plus de valeur pour mon entreprise ? ».

Comment construire votre stratégie marketing digital en partant de vos objectifs business, pas des outils ?

La deuxième erreur classique est de penser « outils » avant de penser « objectifs ». On se dit « il faut faire du TikTok » ou « lançons une newsletter » parce que tout le monde le fait. C’est prendre le problème à l’envers. Une stratégie digitale robuste ne part pas des canaux disponibles, mais des objectifs fondamentaux de l’entreprise : augmenter la marge, réduire le coût d’acquisition, fidéliser la clientèle existante, ou pénétrer un nouveau segment de marché. Chaque action marketing doit être une réponse directe à l’un de ces impératifs business.

Le point de départ de votre orchestration doit être la définition d’indicateurs de performance (KPIs) directement liés à votre modèle économique. Le plus important d’entre eux est le Coût par Acquisition (CPA). Combien êtes-vous prêt à payer pour acquérir un nouveau client tout en restant rentable ? Cette seule question change toute la perspective. Elle vous force à analyser la performance de chaque canal non pas en termes de « visibilité » ou de « likes », mais en termes de contribution concrète au chiffre d’affaires. Vous découvrirez peut-être que votre blog (SEO) a un CPA de 20€, tandis que vos publicités Instagram ont un CPA de 120€. Cet éclairage est essentiel pour allouer votre budget intelligemment.

Pour mettre en place ce pilotage, il faut une analyse rigoureuse des données. Cela implique de suivre le parcours client de bout en bout, du premier contact à la conversion finale, en attribuant correctement les ventes aux différents points de contact. L’objectif est de créer un tableau de bord qui vous donne une vue claire et unifiée de la performance, vous permettant de prendre des décisions basées sur des faits, et non des intuitions.

Mains analysant des données de ROI avec graphiques colorés sur bureau moderne

Cette approche par les objectifs business transforme votre marketing d’un centre de coût en un centre de profit. Chaque euro investi est traçable et sa rentabilité est mesurable. C’est ce qui vous permettra de justifier vos budgets et de piloter votre croissance de manière prédictible. Les outils et les canaux ne deviennent alors que des moyens au service d’une fin clairement identifiée.

C’est seulement une fois ce cadre posé que la question du choix des canaux peut être abordée de manière stratégique.

Maîtrise d’un seul canal vs diversification : quelle stratégie pour une PME avec budget limité ?

Pour une PME avec des ressources limitées, le dilemme est constant : vaut-il mieux exceller sur un unique canal ou se diversifier pour ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ? La réponse stratégique est séquentielle : d’abord la maîtrise, ensuite la diversification contrôlée. Tenter de se diversifier avant d’avoir prouvé la rentabilité et la scalabilité d’au moins un canal est le plus court chemin vers l’échec. Le premier objectif est de trouver votre « canal maître », celui qui vous apporte un flux régulier de clients à un coût d’acquisition (CPA) maîtrisé et rentable.

Le choix de ce premier canal dépend de votre secteur, de votre cible et de votre produit. Pour un e-commerce B2C, le référencement payant (SEA) ou les publicités sur les réseaux sociaux peuvent être un bon point de départ pour générer rapidement des ventes et valider son marché. Il est crucial de connaître les standards de votre industrie ; par exemple, en e-commerce B2C, le CAC moyen se situe entre 25 et 150 euros selon les secteurs. Si votre CPA est bien en deçà de la valeur vie de vos clients (un ratio idéal est de 1:3), vous tenez un modèle viable. L’obsession initiale doit être d’optimiser ce canal jusqu’à en extraire le maximum de potentiel.

Ce n’est qu’une fois ce moteur de croissance bien huilé que la diversification devient pertinente. Mais elle ne doit pas se faire par simple addition. La stratégie la plus efficace est celle du recyclage et de la synergie. Un article de blog performant (SEO) peut être transformé en script pour une vidéo YouTube, en une série de posts pour LinkedIn, en un carrousel pour Instagram et en un sujet pour votre newsletter. Comme le souligne un guide de France Num pour les entreprises, cette approche est particulièrement efficace avec le contenu vidéo :

Une stratégie de promotion multicanale démultiplie naturellement la portée de chaque vidéo produite.

– France Num, Guide YouTube pour les entreprises françaises

Cette diversification intelligente ne disperse pas vos efforts de création, elle les amplifie. Chaque contenu est créé une fois et décliné sur des canaux complémentaires, touchant différentes facettes de votre audience avec un message cohérent. C’est l’antithèse du saupoudrage : c’est une expansion stratégique et rentable.

En somme, commencez petit, validez un modèle rentable, puis étendez votre influence en capitalisant sur vos succès existants.

Le piège de la stratégie multicanale qui fait concurrencer vos propres canaux entre eux

Une fois que vous opérez sur plusieurs canaux, un nouveau risque apparaît, plus insidieux : la cannibalisation. Ce phénomène se produit lorsque les actions menées sur un canal nuisent à la performance d’un autre, créant un conflit interne qui dégrade votre ROI global. L’exemple le plus flagrant et le mieux documenté est la concurrence entre le référencement naturel (SEO) et le référencement payant (SEA). En enchérissant sur des mots-clés où votre site est déjà en première position naturelle, vous payez pour un trafic que vous auriez probablement obtenu gratuitement.

Certains argumenteront qu’occuper les deux positions renforce la visibilité. Si c’est parfois vrai, cela a un coût non négligeable. Les données montrent que la présence d’une annonce payante réduit drastiquement le taux de clics (CTR) du résultat organique. Une analyse comparative des taux de clics a mis en évidence cet effet de cannibalisation de manière frappante.

Impact de la cannibalisation SEA sur le CTR des positions naturelles
Position SEO CTR sans liens sponsorisés CTR avec liens sponsorisés Perte relative
1ère position 31% 18% -42%
2ème position 19% 11% -42%
Au-delà de la 5ème Variable Impact négligeable ~0%

Cette perte de 42% sur vos positions de tête représente un coût d’opportunité majeur. Cependant, la relation n’est pas toujours conflictuelle. Une étude sur la complémentarité des deux leviers révèle que les internautes qui cliquent sur les liens commerciaux et ceux qui cliquent sur les liens organiques ne sont à 89% pas les mêmes. La synergie est donc possible, à condition d’être orchestrée. La bonne stratégie consiste à utiliser le SEA pour cibler des mots-clés transactionnels ou promotionnels, ou pour se positionner là où le SEO est faible, et laisser le SEO capter le trafic informationnel et de fond.

Convergence de multiples flux d'énergie digitale vers un point central harmonieux

Cette logique d’orchestration s’applique à tous les canaux. Votre campagne d’emailing doit-elle promouvoir le même produit que votre publicité Facebook au même moment ? Ou est-il plus judicieux de créer un parcours où l’email nourrit les prospects froids tandis que la publicité cible les visiteurs chauds avec une offre spécifique ? Répondre à ces questions est la clé pour transformer une collection de canaux en une stratégie intégrée.

Votre plan d’action pour auditer la cohérence de vos canaux

  1. Points de contact : Listez tous les canaux où vos prospects et clients interagissent avec votre marque (site web, réseaux sociaux, email, pub, etc.).
  2. Collecte des messages : Pour chaque canal, inventoriez les messages, offres et visuels clés diffusés sur les 3 derniers mois.
  3. Cohérence avec le positionnement : Confrontez ces messages à votre charte de valeurs et votre positionnement de marque. Le ton et l’offre sont-ils alignés ?
  4. Évaluation synergie vs. cannibalisation : Identifiez les zones de conflit (ex: enchères SEA sur vos mots-clés de marque n°1 en SEO) et les zones de synergie (ex: campagne email qui recycle un article de blog).
  5. Plan d’intégration : Établissez des règles claires pour l’articulation des canaux (ex: « le SEA ne cible pas les mots-clés où nous sommes top 3 SEO ») et priorisez les actions correctives.

L’objectif final est une harmonie où chaque canal joue une partition distincte mais complémentaire, contribuant à une mélodie d’ensemble puissante et rentable.

Quand pivoter votre stratégie marketing : les 4 signaux qui imposent un changement de cap ?

Une stratégie marketing, même bien conçue, n’est pas gravée dans le marbre. Le marché évolue, les comportements des consommateurs changent et les plateformes modifient leurs algorithmes. Savoir quand s’adapter est aussi crucial que de définir la stratégie initiale. Ignorer les signaux d’alerte peut transformer un canal autrefois rentable en un gouffre financier. Il existe quatre signaux majeurs qui doivent vous inciter à réévaluer et potentiellement pivoter votre stratégie.

Le premier signal est la dégradation durable des KPIs clés. Une augmentation progressive de votre Coût par Acquisition (CPA) ou une baisse continue du taux de conversion sur un canal, sur plusieurs mois, n’est pas une simple fluctuation. C’est le signe d’une saturation de l’audience, d’une concurrence accrue ou d’une perte de pertinence de votre message. Si vos optimisations habituelles ne parviennent plus à inverser la tendance, il est temps de remettre en question l’allocation budgétaire sur ce canal.

Le deuxième signal est un changement dans le comportement de votre cible. Vos clients délaissent-ils Facebook pour TikTok ? Passent-ils plus de temps à écouter des podcasts qu’à lire des blogs ? Surveiller les tendances démographiques et comportementales est fondamental. Si votre audience idéale migre vers une nouvelle plateforme, y rester absent, c’est prendre le risque de devenir invisible pour elle à moyen terme. Le pivot peut consister à tester ce nouveau canal avec un budget limité pour évaluer son potentiel.

Le troisième signal est l’érosion de votre avantage concurrentiel. Si vos concurrents se mettent tous à copier votre stratégie de contenu ou vos campagnes publicitaires, l’efficacité de celles-ci diminuera mécaniquement. L’océan bleu dans lequel vous naviguiez devient rouge. C’est le moment d’innover à nouveau, de trouver un nouvel angle, un nouveau format de contenu ou un canal encore peu exploité par la concurrence pour reprendre une longueur d’avance.

Enfin, le quatrième signal est interne : la stagnation du ROI global malgré l’augmentation des dépenses. Si vous investissez de plus en plus dans votre marketing pour des résultats qui plafonnent, c’est le signe que votre stratégie a atteint ses limites. Vous êtes sur un plateau de rendement décroissant. Plutôt que de continuer à pousser sur les mêmes leviers, il est plus sage de geler les augmentations, de réallouer une partie du budget à l’expérimentation de nouvelles approches et de rechercher de nouvelles poches de croissance.

Le pilotage n’est pas seulement l’exécution d’un plan, mais une adaptation constante à un environnement en perpétuel mouvement.

Comment adapter un article de blog en 12 formats différents pour saturer les canaux ?

La manière la plus rentable d’orchestrer ses canaux n’est pas de créer du contenu original pour chaque plateforme, mais de maximiser la valeur de chaque contenu « pilier » que vous produisez. Un article de blog de fond, riche et bien documenté, est un actif marketing formidable qui peut être décliné en une multitude de formats pour nourrir l’ensemble de votre écosystème digital. C’est le principe du Content Repurposing : créer une fois, distribuer de multiples fois.

Imaginez un article de 2000 mots sur « Comment choisir le bon logiciel CRM pour une PME ». Cet actif unique peut devenir le centre d’une campagne orchestrée sur plusieurs semaines. Voici une feuille de route concrète pour le décliner :

  1. Format Vidéo : Réalisez une vidéo de 10 minutes pour YouTube qui résume les points clés de l’article.
  2. Micro-vidéos : Extrayez 3 ou 4 clips de 60 secondes de la vidéo principale pour les publier en tant que Reels sur Instagram, Shorts sur YouTube et sur TikTok.
  3. Podcast : Utilisez la piste audio de la vidéo YouTube pour créer un épisode de podcast.
  4. Infographie : Synthétisez les critères de choix du CRM dans une infographie visuelle et partagez-la sur Pinterest et LinkedIn.
  5. Carrousel : Transformez les 5 étapes clés de l’article en un carrousel pour LinkedIn et Instagram.
  6. Newsletter : Rédigez une série de 3 emails. Le premier annonce l’article, le second partage l’infographie et le troisième invite à regarder la vidéo.
  7. Posts sur les réseaux sociaux : Extrayez une dizaine de citations, de statistiques ou de conseils percutants de l’article pour créer des posts textes ou des visuels simples pour Twitter, Facebook et LinkedIn.
  8. Webinar : Approfondissez le sujet de l’article dans un webinar en direct, en utilisant l’article comme trame.
  9. Lead Magnet : Créez une checklist PDF « 10 points à vérifier avant de choisir votre CRM » à télécharger en échange d’une adresse email.
  10. Mise à jour pour le SEO : Intégrez les questions des commentaires et les retours des réseaux sociaux pour enrichir l’article de blog initial et améliorer son référencement.
  11. Présentation Slideshare : Adaptez le contenu en une présentation de type PowerPoint et publiez-la sur Slideshare.
  12. FAQ : Compilez les questions les plus fréquentes posées sur tous les canaux pour créer un article de blog ou une section FAQ dédiée.

Pour exécuter une telle stratégie, il n’est pas nécessaire de disposer d’un budget colossal. Des outils abordables, souvent conçus pour les PME, permettent de gérer l’ensemble de ce processus. Une pile d’outils typique pour une PME française pourrait inclure Brevo (ex-Sendinblue) pour l’emailing, Canva pour la création de tous les visuels et PlayPlay pour un montage vidéo simplifié. Avec un budget de moins de 200€ par mois, une petite équipe peut orchestrer une diffusion de contenu à large spectre.

Vous cessez de courir après la création constante de nouveauté et vous commencez à construire un capital de contenu durable et multi-usage.

Comment transformer « améliorer notre visibilité » en objectif SMART réellement atteignable ?

L’un des plus grands freins à une stratégie marketing efficace réside dans la formulation des objectifs. Une directive comme « améliorer notre visibilité » ou « augmenter notre notoriété » est ce qu’on appelle un « vœu pieux ». C’est une intention louable, mais elle est impossible à mesurer, à piloter et à atteindre. Elle ne donne aucune direction claire à vos équipes et ne permet pas de juger du succès ou de l’échec des actions entreprises. Pour qu’un objectif devienne un moteur de performance, il doit être transformé en objectif SMART.

L’acronyme SMART signifie Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste (Relevant) et Temporellement défini. Appliquons cette grille de lecture à notre vœu pieux « améliorer notre visibilité » pour le transformer en un véritable objectif stratégique.

  • Spécifique : De quelle visibilité parle-t-on ? S’agit-il de la visibilité sur Google ? Sur LinkedIn ? Auprès d’une cible de DAF dans le secteur industriel ? L’objectif doit être sans ambiguïté. Exemple : « Améliorer notre visibilité sur Google pour les requêtes liées au ‘logiciel de gestion de stock pour PME' ».
  • Mesurable : Comment allons-nous quantifier cette visibilité ? Le nombre de followers est une métrique de vanité. Un indicateur pertinent serait le nombre d’impressions, la position moyenne dans les résultats de recherche ou, mieux encore, le trafic organique qualifié. Exemple : « Augmenter de 30% le trafic organique provenant des mots-clés liés au ‘logiciel de gestion de stock' ».
  • Atteignable : L’objectif est-il réaliste compte tenu de nos ressources (budget, équipe) et de la concurrence ? Passer de la 10ème à la 1ère page est atteignable. Viser la 1ère position en 3 mois sur un mot-clé ultra-concurrentiel ne l’est probablement pas.
  • Réaliste (Relevant) : Cet objectif de visibilité sert-il un objectif business plus large ? Est-ce que plus de trafic sur ces mots-clés se traduit par plus de demandes de démo et, in fine, plus de clients ? L’objectif marketing doit être directement corrélé à un résultat pour l’entreprise. Exemple : « …afin de générer 20 demandes de démo qualifiées par mois via le blog ».
  • Temporellement défini : Quelle est l’échéance ? Sans date butoir, un objectif n’est qu’un rêve. Exemple : « …d’ici la fin du prochain semestre ».

En assemblant ces éléments, le vœu pieux se transforme. « Améliorer notre visibilité » devient : « Augmenter de 30% le trafic organique sur notre cluster de pages ‘logiciel de gestion de stock’ afin de générer 20 demandes de démo qualifiées supplémentaires par mois, et ce, d’ici les 6 prochains mois. ». Cet objectif est clair, motivant et pilotable. Chaque membre de l’équipe sait exactement ce qui est attendu et comment le succès sera mesuré.

C’est cette rigueur qui permet de transformer des actions dispersées en une stratégie cohérente et orientée résultats.

À retenir

  • La performance digitale d’une PME vient de la concentration et de la synergie de quelques canaux maîtrisés, pas du volume de canaux activés.
  • La cannibalisation entre vos propres canaux (ex: SEA qui pénalise le SEO) est un coût caché majeur qui doit être activement audité et éliminé.
  • Toute stratégie marketing efficace doit découler d’objectifs business chiffrés (CPA, ROI) et non d’une course aux outils ou à la « visibilité ».

Comment transformer vos vœux pieux en objectifs SMART qui engagent vraiment vos équipes ?

Définir des objectifs SMART est une condition nécessaire, mais pas suffisante. Pour qu’une stratégie réussisse, elle doit être incarnée et portée par les équipes. Un objectif, même parfaitement formulé, restera lettre morte s’il est perçu comme une contrainte venue d’en haut ou s’il n’est pas connecté à la réalité opérationnelle des collaborateurs. Le véritable défi de l’orchestration est humain : il s’agit de transformer des indicateurs de performance en une vision partagée qui motive et engage.

Pour cela, la première étape est la transparence et la co-construction. Impliquez les membres de l’équipe dans la définition de leurs propres objectifs, en cascade de l’objectif stratégique global. Le responsable du SEO, par exemple, peut décliner l’objectif de « 20 démos qualifiées » en un objectif de « positionner 5 nouveaux articles clés en première page ». Cela rend l’objectif tangible et donne à chacun la responsabilité de sa contribution à l’édifice commun. C’est le passage d’un contrôle par le haut à un pilotage par la confiance et l’autonomie.

La deuxième clé est de célébrer les progrès, pas seulement les résultats finaux. Une stratégie sur 6 mois peut être démoralisante si l’on attend la fin pour faire le bilan. Mettez en place des points d’étape réguliers (hebdomadaires ou mensuels) pour suivre les indicateurs avancés (positions gagnées, taux d’ouverture des emails, etc.) et célébrer les petites victoires. Cela maintient la motivation et permet d’ajuster le tir rapidement si les choses ne vont pas dans la bonne direction.

Enfin, il est crucial de donner aux équipes les moyens de leurs ambitions. Fixer un objectif ambitieux sans allouer le budget, les outils ou le temps de formation nécessaire est le meilleur moyen de créer de la frustration. Pour les PME françaises, des dispositifs comme les aides à la digitalisation peuvent être un levier. Par exemple, pour financer un projet de numérisation, il faut justifier d’au moins 450 euros de dépenses, mais le niveau de prise en charge peut atteindre 70% pour les petites entreprises. Utiliser ces aides pour financer une formation ou un nouvel outil montre que la direction est un sponsor actif de la stratégie, et pas seulement un donneur d’ordres.

En transformant vos objectifs en une mission partagée, soutenue par des moyens concrets et un suivi bienveillant, vous ne construisez pas seulement une machine marketing, mais une culture de la performance qui engagera durablement vos équipes.

Questions fréquentes sur l’orchestration d’une stratégie marketing digitale

Comment justifier un budget marketing auprès d’un DAF ?

Utilisez le vocabulaire financier : ROI, Coût d’Acquisition (CPA), Valeur Vie Client (CLV). Montrez comment le pilotage par le CPA permet d’analyser la rentabilité de chaque action et garantit une allocation des ressources maîtrisée et prédictible, transformant le marketing d’un centre de coût en un investissement rentable.

Quelle est la règle d’or du ratio CPA/CLV ?

Un bon ratio généralement admis est de 3:1. Cela signifie que la valeur totale qu’un client vous rapporte sur la durée de votre relation (CLV) doit être au moins trois fois supérieure au coût que vous avez engagé pour l’acquérir (CPA). Ce ratio assure non seulement la rentabilité, mais aussi une marge suffisante pour couvrir les autres frais de l’entreprise.

Comment éviter la cannibalisation entre canaux ?

Ajoutez un critère de « Cohérence » à vos objectifs SMART (les transformant en SMART-C). L’objectif du SEO ne doit pas entrer en conflit avec celui du SEA. Par exemple, évitez d’enchérir sur vos mots-clés de marque si vous êtes déjà n°1 en organique. Synchronisez les calendriers éditoriaux et promotionnels pour créer des vagues thématiques complémentaires plutôt que des messages concurrents.

Rédigé par Céline Moreau, Céline Moreau est stratège en marketing digital et social media depuis 11 ans, diplômée de Sciences Po Paris avec une spécialisation en Communication Digitale. Elle dirige actuellement le pôle digital d'une agence de communication corporate de 50 personnes, où elle pilote des stratégies multicanales pour des marques B2B et B2C, avec une expertise particulière en personal branding, engagement social et automatisation éditoriale.